Littérature 7/5/2009 Bernard Leclaire* Livres : Plaidoyer pour une vraie politique
Littérature 7/5/2009 Bernard Leclaire*
Livres :
Plaidoyer pour une vraie politique
Pour une
édition à la hauteur du talent guadeloupéen
Publié le
dimanche 10 mai 2009 00:12
Bondamanjak
Depuis les récents
évènements, la Guadeloupe vit un moment de vérité sans précédent où il s’avère
important, pour nous, de dévoiler l’histoire, de dénoncer l’économie, d’accuser
le politique ainsi que de récuser le mal-être sociétal qui sévit afin de
révoquer ad vitam toutes formes de « profitations » qui gangrènent depuis belle
lurette l’équilibre même de notre société …et cette démarche a priori dans son essence est
on ne peut plus noble !
D’ailleurs, quel individu sensé, aujourd’hui se
permettrait d’être contre ce constat de fond, quand l’État même a reconnu
son laxisme ?
On serait tenté volontiers de ne pas être d’accord
dans la manière ou dans le comment, mais la triste réalité est là, elle nous
saute aux yeux et nous écœure !
Il est vrai
que la critique est toujours plus facile, tandis que l’art semble plus que
jamais inaccessible. Mais, entre tout accepter - ne rien dire - ne rien faire,
il est encore préférable d’opter, les yeux fermés pour l’audace.
Oser oui ! Oser lever la tête au nom des morts oubliés de l’Atlantique et
des générations futures.
On savait et on pressentait depuis quelque temps
déjà que cette société allait tôt ou tard exploser ! L’insupportable
génère inévitablement la révolte. Et d’ailleurs, est-ce réellement
terminé ?
On sent de manière insidieuse et sous-jacente que le magma social est toujours
fortement en ébullition. La politique qui mène le monde, a-t-elle ici mesuré
réellement, avec exactitude l’ampleur des dégâts de la misère humaine qui
s’installe ?
Encore une fois, Elie Domota du LKP ne nous apprend
rien que nous ne connaissions déjà ! Son mérite certes, et il faut le
reconnaître, est d’avoir eu la hardiesse de mettre un grand coup là, où ça fait
vraiment mal et précisément là, où d’autres justement adoptaient déjà et
toujours la posture fataliste du colonisé !
Mais, n’y a-t-il pas plus subtil et plus sournois ? Tâchons d’aller un peu
plus loin dans notre raisonnement.
Pour cela,
commençons d’abord par enlever nos masques, nos déguisements touloulous et arrêtons notre drag-queenisme latent et pernicieux qui trop souvent
fait partie de nos propres comportements.
Comme
dit le livre universel « le ver est parfois dans le fruit ».
Dénonçons
l’autre ! Oui, c’est très bien ! Mais dénonçons « nous »
aussi ! Si nous tenons réellement à faire évoluer les mentalités qui nous
plombent et qui nous tirent désespérément dans les catacombes du panier à
crabes, nous nous devons respect et honnêteté intellectuelle d’abord.
C’est primordial ! Sinon nous n’allons nulle part.
Dans le domaine de la Culture, singulièrement dans celui de l’Écriture, de qui
se moque-t-on ? A quoi joue-t-on ? Qu’est-ce qui se passe
exactement ?
Comment peut-on faire croire et penser que ce pays puisse se réduire à une
poignée d’écrivains ? Ce serait là, un signe manifeste de
dégénérescence pour notre collectivité !
Si un quelconque engagement était, au moins de temps en temps manifesté pour
porter sur la table les problématiques de notre pays, on pourrait comprendre et
dire qu’un certain travail se fait.
Or, ce n’est pas le cas !
Il est clair que la rébellion, en l’état actuel de l’écrit, ne viendra pas par
ce standard-là, faute très certainement d’un embourgeoisement intellectuel
inavoué, en tout cas largement visible, au détriment d’un discours qui devrait
plutôt se destiner à éveiller les consciences léthargiques surtout en ce moment
de doute économique et de questionnements identitaires.
Il y a dans ce pays hélas, comme un cercle réservé, comme une chape de plomb,
comme une espèce de club secret …saupoudreur d’assa-fœtida et secoueur de
soutane …crucifix en main …où l’on referme systématiquement portes et
fenêtres à toute tentative venant d’ailleurs que d’une pseudo sacristie
préétablie !
Certains n’ont toujours pas accepté et n’accepteront jamais l’intérêt d’une
pluralité providentielle du genre. Ils préfèrent plutôt demeurer de tristes et
de taciturnes individus d’une chapelle hermétique à vouloir ainsi, carrément
scléroser « la production du livre en Guadeloupe ».
C’est le cas ! Disons-nous simplement à qui vraiment profite ce
crime ?
A ceux qui confisqueraient, couteau entre les dents, jalousement l’hostie d’un
tabernacle désormais appartenant essentiellement au cercle des élus apparus !
Y-aurait-il un pré carré réservé exclusivement à l’écriture de, et pour la créolité, où le reste, tout le reste serait
inévitablement partie intégrante bon gré malgré d’une église maudite, non-conforme à
cet accoutrement prédéfini où tout écrit se colore et se décolore
systématiquement d’une même et unique chromatique ?
Comme dit le philosophe, c’est pourtant de la « contradiction
que jaillit la diction ». Pourquoi alors a-t-on la notion de
divergence et de différence autant en horreur dans nos Régions ?
Cela semble une aberration congénitale grave, dans un siècle où
logiquement il n’y a plus de tèbè
gè et où l’on prône à longueur de temps l’ouverture comme étant
le leitmotiv même de l’intelligence !
A d’autres qui auraient clairement peur, peur pour leur petit confort, et
n’accepteraient, par conséquent, aucune anicroche dans un
paysage considéré comme chasse gardée de la confrérie ?
Si tel était réellement le cas, ils signeraient alors à deux mains et même à
deux pieds, pour une mort lentement programmée de l’écriture dans ce pays, et,
en même temps, ils condamneraient aussi leur propre écrit, inévitablement.
Il faut savoir que l’écrit appelle l’écrit, le dynamisme de certains rejailli
sur d’autres, les propos des uns permettent à d’autres de porter plus loin leur
vision, leur réflexion dans le but d’une progression mutuelle de la pensée.
Ainsi, il s’agit d’instaurer dialectiquement une émulation saine au profit d’un
lectorat qui appréciera forcément et qui partagera volontiers les différents
points de vue.
C’est en se frottant et en se confrontant à d’autres que l’on arrive à se
surpasser et à aller au-delà du « soi-même ». D’une manière
générale, en Guadeloupe, on a l’impression d’exister dans un marasme latent,
engluant et étouffant où plus aucune idée neuve n’est capable d’émerger,
où toute pensée a
priori doit épouser le
politiquement correct d’une caste certaine !
Or l’écrit ne devrait point souffrir du conditionnement des discours de salon
ou du préconçu mondain. Ce monde trop lisse où tout glisse, mais apparemment
seulement, se référant à une espèce de jazz lancinant et paralysant, sans
âme aucune, empêchant évidemment toute notion de progrès et d’évolution.
Nous attendons justement avec impatience la syncope providentielle d’un
Monk traduite en littérature pour rompre avec cet écrit qui ne dénonce plus
rien et qui ne surprend plus personne.
Depuis quelques années déjà, force est de constater que nous ne sommes plus
présents sur aucun prix littéraire. Faites le compte !
Tout se partage entre la Martinique, Haïti et Cuba.
Lors des différents Salons du Livre, que cela soit au niveau régional, national
ou international, très peu de Guadeloupéens représentent le pays, ou sinon
toujours les mêmes, et cela depuis déjà, plus de vingt-cinq ans !
On est systématiquement enfermé dans un phénomène du déjà vu, du déjà
entendu et du déjà vécu où « la petite madeleine » de la Créolité se retrouve toujours bien trempée dans
une espèce de chocolat péyi.
Inutile de vous décrire toutes les réminiscences qui en ressortent, elles sont
sensiblement toujours identiques !
Par conséquent, quelle est la promotion qui est faite ou tentée d’être mise en
place pour inciter véritablement l’écrit de manière générale en Guadeloupe ?
Quels sont les résultats de tous ces éternels états des lieux, ces assises, ces
réunions, ces états généraux et autres …réalisés depuis les quinze dernières
années ? Nous faisons culturellement depuis des décennies les mêmes
constats en Guadeloupe et pourtant rien ne change dans ce domaine !
Quelles sont les aides qui sont distribuées, surtout à qui, et pourquoi, afin
soi-disant de dynamiser l’Édition et les nouveaux Auteurs ?
Nous remarquerons qu’à l’origine, avec le Doudouisme nous n’y étions pas. Dieu merci me
direz-vous, nous vous l’accordons, sachant ce qu’a été ce courant littéraire !
S’agissant de la Négritude,
nous n’y étions toujours pas. On y trouve Césaire, Damas et Senghor. De plus,
nous constatons que l’on a injustement tendance dans cette épopée à oublier
complètement la plume de Tirolien qui n’a rien à envier même à un Césaire. Guy
Tirolien devrait faire partie intégrante de ce premier grand courant qui
révèlera la naissance effective d’une écriture revendicatrice post-esclavagiste
nègre venant de nos contrées et d’une partie de l’Afrique francophone.
D’autant plus que * le Marie-Galantais serait aussi, le
« seul » guadeloupéen, ayant contribué à la naissance et à la
résistance d’un courant respecté, aujourd’hui encore. On peut affirmer qu’il
est loin d’être enterré, malgré le souhait inavoué de certains fils victimes de
crise œdipienne aiguë.
Cet oubli est parfois volontaire. A mon humble avis, les critiques
littéraires devraient définitivement intégrer Tirolien comme un sérieux maillon
dans cette courte chaîne de la Négritude du départ, surtout qu’il n’y a plus
aucun témoin direct vivant de cette épopée. Tirolien au mois laverait notre
honneur !
Il y a là, manifestement une erreur d’école qui est perpétrée à la barbe de
tous, ce qui donne au néophyte de la poésie l’impression que le poète
Marie-Galantais a été un électron libre, alors qu’il est dès ses premiers vers,
un chantre incontesté et incontestable de cette merveilleuse écriture.
En ce qui concerne l’Antillanité de
Glissant, avec sa théorie du Tout-Monde, il faut malheureusement
encore constater notre totale absence. Glissant se suffit à lui-même tellement
son écrit est dense, diversifié et complet.
D’ailleurs, même quand on tente d’adjoindre Maximin dans ce courant, on
pourrait affirmer que c’est presque un auto-positionnement.
Le dernier courant littéraire connu remonte déjà au début des années
quatre-vingt-dix. La Créolité encore une fois, nous dénommons
Bernabé, Chamoiseau et Confiant, pas un seul guadeloupéen à l’horizon !
Hélas, simple constat !
Les courants littéraires passent et trépassent, nous ne savons malheureusement
pas faire dans l’innovation, dans la création, dans le renouveau, a
fortiori dans la renaissance
totale ! On ne sait pas non plus travailler ensemble, ne serait-ce que pour
tenter au moins de créer les conditions d’une réussite dans ce domaine !
S’agissant du mouvement des Créolistes de ces trois dernières années, une
analyse s’impose. Pour les collégiens, attention a ne pas le confondre avec la Créolité.
Il
faut avouer que ce courant n’a toujours pas atteint, à mon modeste avis, le
véritable mérite de son art. Il n’existe toujours pas de prix littéraire ou de
critique pour évaluer l’écrit-créole.
Or il existe un Capes de créole très prisé.
Il
est tout de même intéressant de reconnaître que depuis quelques années certains
Auteurs ne font plus aucun complexe à vouloir produire en créole, ce qui est
désormais, même un véritable « choix » littéraire.
D’ailleurs le
lectorat local semble particulièrement apprécier ces textes dans lesquels on
peut en toute logique parler de vraie dynamique et émulation. En effet, dans ce
courant il semble y avoir une plus grande fraternité et une meilleure entente
entre les Auteurs.
Les rencontres et
dédicaces sont plus chaleureuses et les discussions sont nettement plus basées
sur le devenir de la Guadeloupe. Il faut croire que le « écrire-créole »
libère davantage la pensée rebelle.
On peut dire que
le mouvement Créoliste, aujourd’hui en tout cas, se veut
plus avant-gardiste et plus engagé que l’écrit français.
On comprend alors
aisément qu’il n’est pas, pour ce courant, essentiellement une question
d’écrire en créole.
Il est aussi souvent
question de poésie dans le genre, ce qui explique encore l’esprit indocile des
textes. Il est également assez rare de trouver des spicilèges de nouvelles ou
des romans écrits en créoles. Mais des projets sont en cours. Le texte
créole vient affirmer une identité, par la reconnaissance de sa langue, il
s’érige en premier vecteur d’émancipation du peuple guadeloupéen.
Par contre, il faut noter qu’il n’existe pas encore de véritable dynamique
intellectuelle pure en Guadeloupe et c’est là, le cancer qui
gangrène l’éclosion d’une vision plus moderne et plus stimulante de notre
écriture. Nous ne savons pas faire dans le partage, dans le consensuel et
pour le collectif. Est-ce dû à un certain passé ?
Si je ne
suis pas en mesure de réaliser quelque chose, il n’est pas question qu’un autre
le fasse. Il est préférable de cultiver le vide pour le vide au lieu de favoriser
ou même de faciliter quoi que ce soit qui ne serait pas de moi. Voilà la façon
de penser qui habite trop souvent les individus de ce territoire.
Alors, comment un pays peut-il avancer dans un état d’esprit tel ?
On pourrait aussi rajouter, qui ici est habilité à dénommer untel ou unetelle
en qualité d’écrivain ou pas ? Qui es-tu pour juger du degré
d’intelligence de l’autre ?
Depuis quand as-tu inventé la machine à mesurer la matière grise de ton
prochain ?
C’est à croire qu’il n’existe aucun lectorat dans cette île ? Ce qui est
archi faux ! On a trop tendance à vouloir se substituer au lectorat, à
penser et à réfléchir même, pour lui. Pensant qu’il est aussi stupide que la
masse en général !
Et malheureusement, les libraires, par inattention ou par objectif
mercantiliste, commettent l’erreur de ne pas prendre de risque sur la
production des nouvelles plumes, ce qui est tout à fait regrettable !
On a aussi trop tendance à croire qu’il faut systématiquement être édité en
métropole pour donner du grade à l’écrit. C’est encore un rejet de nous-mêmes.
Cela voudrait dire, qu’il revient toujours au maître le droit de valider notre
perception des valeurs. C’est triste !
Nous sommes bien placés chez Alizés pour affirmer, contrairement à ce que
d’autres véhiculent, que le « livre de la production locale et surtout des
nouveaux Auteurs du pays » se vend, et plus de 85 % des lecteurs
apprécient en général ces livres.
On est
perpétuellement en rupture de stock ! Vendre entre 1000 et 2000 livres en
Guadeloupe, c’est déjà une belle réussite, de surcroît avec les simples
moyens du bord !
L’émergence d’une nouvelle écriture guadeloupéenne « traîne la
plume »du simple fait que, nous souffrons d’une défaillance chronique
de moyens.
C’est une évidence même !
Il
faut avouer que nous ne sommes pas aidés dans l’Édition. Comment faire alors
pour promouvoir, pour développer, pour médiatiser …et enfin, mettre en place un
véritable mouvement continu dans cette activité ?
D’autant plus que, tout le monde sait que le livre est l’atout majeur pour la
publicité touristique d’un pays, contrairement aux quelques affiches placardées
dans un métro parisien à prix exorbitants.
Les Guadeloupéens qui nous font l’honneur de constituer notre groupe de
relecture ne peuvent pas, ne peuvent plus pratiquer éternellement le
bénévolat. Il s’agit d’un vrai travail !
De
l’amateurisme, il faut aujourd’hui passer à un réel professionnalisme et ce
passage a inévitablement un coût. La Guadeloupe serait-elle le seul pays où
l’on souhaite en permanence l’excellence par un coup de baguette magique ?
Tout le
monde parle « d’excellence », le mot est aussi à la mode que « lyannaj » ! Mais ne s’agit-il pas tout
simplement d’un effet de mode du vocabulaire ? Ça devient même un tic de
langage qui alimente tous les discours !
Quels sont
les efforts à fournir pour faire évoluer en « qualité et en résultat
» la production du livre dans notre cher pays ?
Qu’est-ce qui
nous empêche d’avoir dans les trois ans à venir notre Goncourt aussi, et
pourquoi pas, même notre nouveau Césaire ? Il est grand temps que nous
sachions ce que nous voulons et surtout que nous mettions en œuvre ce qu’il
faut pour y parvenir !
Vous
devez savoir qu’un roman de quatre cents pages en format livre revient à mille
huit cents euros en lecture-relecture et correctifs.
« Un » livre du même format coûte en Imprimerie locale entre douze et
quinze euros. Ce qui est inadmissible !
Ce livre
est proposé en librairie entre dix-huit et vingt euros, sachant que le libraire
réclame cinquante pour cent sur les ventes, même en dépôt-vente …On comprend
alors immédiatement où se situe le grand malaise de l’Édition dans ce pays et
point n’est besoin d’être énarque pour l’analyse de la rentabilité d’une
petite société d’Édition !
Si
l’Éditeur veut s’en sortir dans ce domaine, il doit absolument avoir en
arrière-cour son imprimerie, ce qui est un autre métier et qui coûte
horriblement cher en investissement. Il doit avoir aussi ses librairies pour la
diffusion. Il doit être de A à Z dans la chaîne du livre s’il veut maîtriser et
perdurer dans le secteur.
On ne peut
pas au nom d’une désorganisation quasi anarchique mettre tant d’énergie pour
atteindre enfin le but de dénicher quelques bons Auteurs. C’est une affaire de
politique régionale !
Qui est alors
prêt à se « mouiller » pour réussir ce pari ? Pas
grand monde à l’horizon, c’est du boulot, des journées et des nuits
interminables de travail.
L’écriture est un
sacerdoce pour lequel les heures de labeur ne sont pas facturables ! Ceux qui connaissent savent de quoi
on parle !
En tout
état de cause, l’Éditeur est l’élément essentiel de l’existence du livre et de
l’Auteur. Sans le travail de l’Éditeur, il n’y a ni Auteur, ni livre, et, par
conséquent probablement pas de libraire.
Pour
compliquer davantage cette filière, un autre métier est venu à l’Américaine
s’inviter dans le bal, c’est « l’Agent littéraire ou l’Agence
littéraire ».
Cette
entité défend les droits de l’Auteur, propose le correctif des manuscrits et se
charge de trouver un Éditeur pour ce dernier, prenant encore au passage sa
marge sur le livre.
En
matière d’Édition locale, comme pour tout domaine culturel en général, il faut
de l’argent, beaucoup d’argent. Il faut un budget conséquent, et ce, du
manuscrit à la publication. Et c’est au moment seulement où le livre est
en librairie, que véritablement tout le travail médiatique peut alors
commencer.
Comment faire la promotion de l’Auteur et de sa
publication ?
Il y a en règle générale les dédicaces en librairie,
les conférences, les rencontres scolaires, les rendez-vous en club de lecture,
les passages en médiathèques, en radio, en télévision (canal 10) et les
reportages.
Afin de sortir de ce circuit routinier, il faudrait
faire de même en Martinique, en Guyane, en Métropole et pourquoi pas mener une
politique médiatique similaire dans certains pays de la Caraïbe et même sur le
Canada, si on veut réellement parler de promotion et toucher le maximum de
lectorat afin de faire ressortir en définitive l’excellence du pays de
Guadeloupe.
Il est évident que la production doit se retrouver
dans toutes les librairies de ces différentes contrées, ce qui signifie un
quantitatif conséquent en terme de tirage, pour satisfaire toutes les commandes
et les traductions en anglais et en espagnol.
On
voit clairement que l’émergence d’un Auteur réside aussi dans la
promotion soutenue de celui-ci par l’Éditeur et par une occupation géographique
de certains espaces littéraires indispensables au-delà du simple espace guadeloupéano-guadeloupéen.
Sachant, a priori, que nous avons, bien sûr en mains,
substantiellement la matière première capable de dépasser les horizons. Ce
potentiel est là !
En vérité,
c’est le manque de moyens qui fait que, dès le correctif du manuscrit, on pèche
à atteindre cette excellence tant souhaitée puisque les neuf re-lecteurs se
réduisent à un.
Beaucoup d’Auteurs en France sont connus parce qu’ils sont souvent sur les
plateaux de télévision, dans toutes espèces d’émissions et il en est de même
pour les émissions radiodiffusées.
Ils
occupent perpétuellement le devant de la scène, participant à longueur de temps
à tous les débats. Il existe en France un véritable tremplin journalistique et
médiatique qui assure régulièrement l’émoustillement de cette dynamique culturelle
souhaitée et recherchée.
Le
Centre National du Livre aide facilement les jeunes Auteurs et met souvent en
place des bourses d’écriture et des résidences pour les Auteurs afin
d’optimiser au mieux leur production. Ce n’est pas le cas chez nous ! Il
n’existe pas d’Auteur à temps plein en Guadeloupe. Quel est le nom du
guadeloupéen qui a bénéficié d’une résidence d’artiste ou d’une bourse
d’écriture pour un projet de roman sur un an et demi ou deux ans ? Qui ?
On
finit toujours inconsciemment par buvariser ces derniers Auteurs de France
grâce aux médias et au fur et à mesure ils rentrent dans la masse des
Écrivains. Le prix littéraire n’est pas indispensable a priori, c’est la cerise,
c’est d’abord le partage et l’échange de la pensée qui font avancer un
pays, puis connaître et reconnaître un Auteur.
Il faut savoir que toute cette stratégie alimente, régénère, fortifie et
contribue à l’élévation de l’imagination du Pays. Par conséquent, l’intelligence
collective progresse en même temps.
Ce
qui est positif dans une telle tactique, c’est le fait qu’il y ait débat,
discussion et d’innombrables permutations orales ou écrites autour du
livre en général par rapport aux différentes idées traitées.
On donne malheureusement trop peu de valeur aux « idées » dans notre
pays sachant a priori que nous n’avons aucune matière
première. Où se situe alors notre richesse ?
Aucun
livre n’est écrit pour son Auteur dans la mesure où tout écrit devient
systématiquement un bien national donc public.
Tout
est irrémédiablement question de moyen et de volonté ! On parle de
politique de l’excellence, encore une fois, ce n’est qu’un contenant, on met
quoi dedans, avec qui et pourquoi ?
Le grand
frein dans notre Guadeloupe est qu’il n’existe aucune émission culturelle
gravitant autour de l’art ou tout simplement autour de la littérature en
général, que ce soit au niveau télévision ou radio.
C’est un triste
constat ! Comment supposer qu’une entreprise comme RFO n’ait aucune place
pour la littérature dans ce pays ? Or il existe un prix RFO du
livre. C’est à ne rien comprendre, cherchons l’erreur !
Il est encore
plus triste de constater que personne ne s’en offusque ! Personne ne dit
mot, et il faudra encore que le LKP vienne s’en mêler !
Quand une
émission essaie d’exister, on vous reproche que ce créneau ne soit pas
rentable. Tout ce qui est capable d’élever l’esprit du jeune guadeloupéen coûte
soi-disant toujours trop cher !
L’argent
reste et demeure le seul critère de tout jugement quand il s’agit de dossier
touchant à la culture.
On
n’est pas capable d’organiser un Salon du livre localement digne de ce
nom. Quand on met en place un Congrès des Écrivains de la Caraïbe, on oublie
« volontairement » plus de la moitié des Auteurs locaux. On règle des
comptes au lieu d’avoir une hauteur de vue au-delà de la bêtise, puisque
nous parlons de culture !
On pousse
l’idiotie très loin, à oublier même des Sociétés d’Éditions qui opèrent dans
l’île depuis plus de dix ans et qui ont déjà publié une quinzaine de
Guadeloupéens.
On va chercher
toutes espèces d’Écrivains et toutes espèces d’Éditeurs de la Caraïbe et autres
…pour faire foule et pour meubler un Congrès au point où, au dernier jour
de ce congrès, on se rend subitement compte que l’on a oublié l’objet
fondamental d’un Congrès des Écrivains qui est le LIVRE lui-même.
Il n’y avait pas un
seul livre à lire, à offrir ou à acheter dans cette grandiose
organisation ! Cherchons l’erreur !
C’est toujours les mêmes,
encore une fois qui se battent pour être à la tête de tout. Ils n’ont même pas
encore parlé que l’on sait a
priori tout ce qu’ils
vont dire tellement le discours est rassasiant.
C’est toujours les mêmes, qui
organisent les événements culturels dans un esprit partisan, sectaire,
clanique, rétrograde, petit et mesquin, au lieu de jouer l’ouverture pour
l’élévation de l’âme guadeloupéenne. On parle pourtant de culture !
C’est toujours les mêmes, qui
attribuent les résidences d’Artiste, les aides et subventions dans ce domaine.
Bel adage qui dit : « on n’est jamais si bien servi que par
soi-même ». On parle pourtant de culture !
C’est toujours, et rien que
les mêmes, qui sont invités dans les pays en qualité de « seul »
écrivain guadeloupéen, évidemment puisqu’ils s’arrangent dans les
administrations pour bénéficier de toutes sortes d’invitations possibles et
imaginables. On parle pourtant de culture !
Puis, ils vous disent
« Je suis invité à Tokyo ou à Rome. Samedi dernier j’étais à Cuba. On
m’a invité dernièrement à New York etc. Je suis traduit en anglais, en
espagnol et même… en japonais ». Bravo ! On parle pourtant
de culture !
Quand de nos propres
deniers, nous arrivons à présenter enfin un de nos Auteurs dans un pays
quelconque (ne serait-ce
qu’en Martinique ?), les gens sont stupéfaits et heureux d’entendre
un discours neuf, totalement nouveau, dépourvu de stéréotypes, sans masque et
sans fard, venant comme d’ailleurs et surtout d’une vision générationnelle
différente.
Que dire de plus, et quoi faire ?
Il est judicieux que le LKP
puisse dénoncer toutes les « pwofitasyon » d’ordre
historique, capitaliste et politique dans ce pays, …mais il va falloir aussi
dans le jeu des États-Généraux,
des assises et autres rencontres à venir …que chacun procède à une
véritable auto-analyse pour un mieux être guadeloupéen.
Nous avons nous
aussi, pour ne pas dire surtout, la grande responsabilité de réussir notre
pays !
Nous espérons que certains se
regarderont dans un miroir pour se demander en toute sincérité, ce qu’ils
ont réellement déjà fait pour le Pays, pour le Peuple, après tout ce que
le pays a déjà fait pour eux.
Bernard Leclaire
Ecrivain
Marie-Galantais
Grand-Bourg le, 07/05/2009
Grand-Bourg le, 07/05/2009
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