RESPECT POUR LA MARE AU PUNCH

                                RESPECT POUR LA MARE AU PUNCH





Grand-Bourg, le 15/03/23

 

 

                                 RESPECT POUR LA MARE AU PUNCH

 

*En réponse à Jean Girard*

 

 *A l’attention du Peuple Marie-galantais*

 

« On ne badine pas

On ne transige pas

… avec les esprits …

On respecte

Le lieu des morts tombés

Pour la dignité d’un Peuple ».

 

Je remercie tous les Marie-Galantais qui m’ont alerté sur cette volonté macabre de certaines personnes à vouloir souiller le haut lieu du sacro-saint de la mémoire de nos ainés.

 1848, Abolition de l’Esclavage, ce lieu fut le centre névralgique de la rencontre et de la fraternité du Peuple Marie-galantais. En 1849, lors des premières législatives, ce lieu fut encore celui qui verra tomber une centaine de ses valeureux fils. Histoire tristement célèbre relatée par Victor Schoelcher dans son livre intitulé : Le procès de Marie-galante. En face, la dépouille de l’usine de Pirogue hélas fermée depuis 1956, témoigne encore le digne respect de ce site.  

 

Merci particulièrement à Jean Girard, qui a trouvé les mots qui m’imposent alors une réaction face à l’abject. Nous partageons depuis des lustres cet appétit pour la quête de l’invisible et du silence qui parlent afin de nous montrer et de nous dire le Pays. 

 

Je mets en garde, tous ceux et toutes celles qui viendront salir la mémoire des morts de La Mare au Punch. Cet acte sacrificateur, volontaire est une action antichrist et satanique que vous porterez des générations durant. On ne badine pas, on ne transige pas avec les esprits et l'on respecte le lieu des morts tombés pour la dignité d’un Peuple. 

 

Ainsi, je vous exhorte très clairement d’aller, ailleurs, construire ce Collège afin de laisser en paix ceux qui, sereinement, veillent encore sur la stabilité tellurique de cette île. N’allez pas chercher la colère des endormis qui savent et qui peuvent, à n'importe quel moment, se faire entendre face à votre impensable ignominie. 

 

Par ailleurs, les habitants des communes de Saint-Louis et de Capesterre sont fortement opposés au projet de fermeture des collèges implantés dans leur commune. Monsieur Philippe BON en avait fait le fleuron de la culture Marie-Galantaise. Les enfants de partout, même de Guadeloupe, venaient pour la qualité de l’enseignement. Il doit se retourner dans sa tombe. 

Mon cousin, Patrice LOVAL, toujours à Saint-Louis a continué l’énorme travail de son prédécesseur en hissant ce collège parmi les meilleurs de Guadeloupe. Aujourd’hui, au nom d’une sous-démographie, on tranche, on coupe immédiatement en choisissant de fermer l’établissement. 

Comment alors organiser le transport de tous ces collégiens vers un unique site sur cette île ? Pourquoi ne pas trouver une spécialité pour les métiers de la mer ? De même, pour Capesterre, lieu où il faudrait reconsidérer le site de l’hôtel qui est à l’abandon. Pourquoi ne pas trouver une spécialisation qui porterait sur les métiers de la bouche et la gestion des structures hôtelières ? Le Collège de Grand-Bourg pourrait aussi se trouver une orientation originale en proposant des spécialités. Au lieu de cela, il y a comme l’acceptation d’une drôle de fatalité en favorisant cette nouvelle construction.


Que veut-on réellement ? Que cherche-t-on ? Est-ce la mort de Saint-Louis ? Est-ce la mort de Capesterre ? La création de cette structure unique va entrainer la mort tout simplement de Marie-Galante. Cela ne va pas régler la problématique ni de la dénatalité ni de la fuite démographique. Grand-Bourg chercherait-elle à accaparer toutes les parts du gâteau ?

 

Au lieu de s’attaquer aux causes réelles de notre économie en berne, l’on s’arrête plus aisément à la forme visuelle d’une construction pour, électoralement, dire et affirmer que l’on a fait ceci ou cela. J’espère que les Marie-galantais se lèveront pour refuser cette condamnation. Il existe des dérogations dans le cadre de l’Éducation Nationale pour les zones démographiquement en difficultés. A-t-on usé de tous les ressors pour relancer et éviter ces fermetures ? Y a-t-il eu un plan d’urgence pour recadrer et sauvegarder les entités ? Non, trois fois Non !

 

Que vont devenir les deux structures abandonnées ? Plus exactement trois structures, puisque celle de Grand-Bourg fermera aussi. On construit, on dépense de l’argent public comme des enfants gâtés sans même se soucier de quoi il adviendra de l’existant ? Encore des dents cariées en plein centre-ville. Pourquoi ne pas prendre l’actif de cet investissement pour la relance de l’enseignement à Marie-Galante ? Pourquoi ne pas créer une école du Cinéma, du Théâtre et de l’écriture de Scénario ? Le quatrième Art a le vent en poupe, il y aurait là, très probablement de quoi faire. 

 

Nous assistons depuis une vingtaine d’années à un phénomène d’abaissement de rideau généralisé dans tous les secteurs sur cette île.  Force est de constater que nos représentants politiques, lesquels ont mandat pour nous défendre, sont hélas étrangement muets sur cet ensevelissement programmé. On a l’impression que plus personne ne défend cette île. On regarde, on assiste béatement sans mot dire, et évidemment aucune réaction n’est à attendre d’eux. Tout ferme, leurs yeux avec dans la triste posture de l’autruche.  

 

En dernière date, le Centre des Impôts ne répond plus et Marie-Galante subit du Morne Caruel une pression telle, par des ATD tous azimuts, que cette île, dans cinq ans, sera vendue à n’importe qui, faute de pouvoir assumer la contrainte fiscale, a priori organisée à des fins diaboliques. 

Dans la série du film d’horreur, le macabre se mêle au lugubre et l’enterrement des mauvaises nouvelles se poursuit, hélas, à ne plus avoir le temps d’ôter le costume du malheur. Ils en ont fait leur nouvelle peau. 

 

Une préfète est récemment venue faire du tourisme, en partant avec son plein de rhums, de gwo-siwo et de miel. Quelque temps avant, la Région était passée pour un projet d’aménagement du débarcadère, nous attendons toujours le début de ce chantier annoncé pendant les municipales. Nos compatriotes, même âgés, sont abandonnés, au départ de Bergevin, faute de pouvoir activer la continuité territoriale.  Allez dire aux Corses que vous les laissez moisir sur un port, malades, et qu’il leur est impossible de rentrer chez eux ? La façon de traiter aujourd'hui ce peuple constitue un crime contre l'humanité. 

 

Le Département maintenant, avec la bénédiction de la Municipalité de Grand-Bourg, annonce tranquillement la fermeture des deux collèges de Saint-Louis et de Capesterre. Il est triste de constater qu’il y a là, autour de cette macabre table, que le maire de Saint-Louis qui dit clairement son écœurement face à cette décision. Soyez remercié Monsieur le Maire au nom de tous ces Marie-Galantais qui ont su garder au fond du cœur les notions de fierté et de dignité si légendaires de notre Peuple. 

 

Ce constat ne tombe pas in extremis, comme un cheveu dans la soupe. L’histoire le dira et l’écrira un jour, je persiste et je signe, on a organisé la mort à feu doux de cette île. Le but est la revente en lambeaux de chairs, à des coûts les plus bas, au profit et bénéfice des nouveaux venus et l'étrange spéculation de celles et ceux qui, comme des profiteurs de guerre, s’enrichissent, en catimini sans en avoir l’air, par un laisser-faire volontaire et cupide. 

Monsieur Losbar n’est pas Marie-Galantais. Les élus de l’île ont organisé, des années durant, la fuite de nos frères et sœurs par immobilisme et ils semblent surpris et déconfits face au spectacle de désolation auquel nous assistons. Il ne lui revient pas, a priori, de défendre ou de savoir où implanter un Collège ?   

Certes, vous acceptez ces trois fermetures, mais de grâce, vous dites à Losbar qu’il n’est pas question d’ériger un Collège sur, ou à côté, d’un lieu aussi sacré pour les Marie-Galantais. 

 

On ne peut pas, en 2023, traiter un Pays avec autant de désinvolture et de je m’enfoutisme. Il n’y a aucun autre lieu sur cette île capable de supporter un collège sans pour cela faire offense et insulte à la mémoire de nos ainés, morts pour le respect de notre dignité ?  

 

Ainsi, vous ne réclamez pas un Mémorial, une stèle, la réfection intégrale du lieu qui deviendrait un passage touristique original et spirituel. Un haut lieu de pèlerinage pour tous les afro-descendants et autres, mais vous voyez l’implantation d’un Collège. Marie-galante est vide, il y a pléthore de terrain partout, quatre-vingt-dix pour cent du foncier appartient au Conseil Départemental, encore une ineptie à grande échelle. C'est directement là, afin de commettre un sacrilège innommable, que vous voulez réellement vous sentir bien.

 

J’ai, récemment, entendu des plaintes s’agissant de l’aéroport dans lequel on vient d’investir des millions pour sa réfection. On se rend subitement compte qu’il aurait fallu en amont discuter et promouvoir le passage d’une ou de plusieurs compagnies afin de faire vivre la structure. On dépense des sommes énormes, tel le tonneau des Danaïdes, sans réflexion aucune, on pose du sparadrap sur des plaies infectées et l'on joue les surpris lorsque la gangrène s’annonce.

 

Nous devons très sérieusement nous interroger sur l’avenir de notre île.  Les braves qui restent, allez-vous, allons-nous accepter sans mot dire et sans rien faire la capitulation de notre pré carré ? 

 

Nous, Marie-galantais, nous refusons la fermeture des Collèges de Saint-Louis, de Capesterre et de Grand-Bourg. 

Ainsi, j'appelle nos compatriotes à refuser, en force et en masse, l’implantation de ce Collège Commun sur un lieu sacré où nos ancêtres ont sacrifié leur vie pour assurer la liberté des générations futures, donc la nôtre.

Je demande aux Marie-Galantais de se mobiliser pour faire Respecter leur île.

Je demande aux Marie-Galantais d’ouvrir les yeux, sinon ce Pays dans deux décennies ne sera plus nôtre.

Par ailleurs, nous mettrons en place un Collectif de Défense du site « La Mare au Punch ».

Nous mettrons aussi en place une Pétition à grande échelle pour de dénoncer la profanation volontaire du site de « La Mare au Punch ». 

Nous serons aussi, avec le Peuple dans la rue pour manifester contre la chienlit orchestrée sur notre Île. 

 

Jusqu’où iront-ils encore ?

 

La bêtise humaine n’a pas de limite lorsque l’argent se substitue à l’éthique et à la dignité des hommes. 

 

Jou nou ké mété a jounou poko vwè jou !

 

 

Bernard Leclaire, Président du CIPPA.




 

 

 

 

 

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