Que sommes-nous devenus ? NON à la fermeture du Collège de CAPESTERRE DE MARIE-GALANTE !



                                             Que sommes-nous devenus ? 

                                 NON à la fermeture du Collège de  

                   CAPESTERRE DE MARIE-GALANTE !

 

Voilà la dernière nouvelle qui donne froid dans le dos. La lourde lame de l’échafaud s’est encore abattue sur notre pauvre île de Marie-Galante. J’apprends ce jour, que la fermeture du Collège de Capesterre est programmée pour juin 2024.

Après le Tribunal de Grand-Bourg, l’Abattoir, l’École de Faup, de Mayollet, le Service Chirurgie, la Maternité, l’hôtel Cohoba, l’hôtel Cap Reva, l’École de Musique de Grand-Bourg, les Impôts, la Sécurité sociale, le Centre Hibiscus, la Maison Familiale de Pirogue… j'en oublie très probablement, c’est le tour maintenant du Collège NELSON MANDELA de Capesterre. 

  

Capesterre : cette commune jadis poto-mitan de l’île. La commune de naissance de mon père, belle époque où de nombreux Capesterriens se sont implantés à Grand-Bourg, au plus grand service du développement de cette dernière. On pourrait ainsi nommer de nombreuses familles qui, dans la deuxième moitié du XXᵉ siècle, se sont installées à Grand-Bourg.  

 

Capesterre la belle, qui comptait deux usines à sucre, l’usine BERNARD et l’usine ROBERT. Cette magnifique commune au charme fou, possédant l’une des plus splendides plages de la Caraïbe. Une distillerie appartenant à un enfant du pays, le Rhum du Salut de Monsieur Armand TOTO. Soit dit en passant, cette usine BERNARD aussi, qui a appartenu à SIMON JACOTIN, le premier fils du Pays devenant usinier Marie-Galantais et de Guadeloupe. Raison pour laquelle les banques locales colonialistes de l’époque ne l’ont pas soutenu pour sauver sa structure.  

Bref, CAPESTERRE, où se trouve le caveau familial, où un arrière parent LECLAIRE fut secrétaire de Mairie. Ce lieu où reposent, ma mère, mon père, la mère de mon père, son frère et sa sœur.   

 

Comment puis-je alors rester insensible face à cette descente aux enfers et faire comme une majorité silencieuse, levant les yeux au ciel et ponctuant le désastre par un sempiternel hélas ?     

Mon cœur saigne de voir ce qu’est devenue mon île. Nous n’avons jamais été des arrogants, nous avons le sens de l’hospitalité, du respect de l’autre, de la dignité, de la famille, le marie-galantais est quelqu’un de fiable et de travailleur.   

Dans nombre de familles guadeloupéennes, les gens réclamaient et réclament toujours, pour la confiance légendaire de ce peuple, d’avoir quelqu’un de l’île pour travailler chez eux.  

Marie-Galante a donné à la Guadeloupe de nombreux intellectuels que l’on retrouve dans tous les domaines. Une bonne part des habitants des Abymes, de Pointe-à-Pitre, du Gosier, de Baie-Mahault, de Petit-Bourg et même du Lamentin sont des gens originaires de Marie-Galante. Cela ne signifie pas que l’on n’en retrouve pas dans les autres communes. Les patronymes ne mentent pas.  

Depuis la fermeture des usines qui a commencé au début du XXᵉ siècle avec la substitution du sucre de canne par celui de la betterave, le déclin de l’industrie de la canne était déjà amorcé.  

La grande saignée va venir, surtout avec la fermeture du ROBERT, au début des années soixante.  De trente mille habitants à cette époque, nous sommes progressivement, aujourd’hui, descendus à huit mille autochtones et deux mille à deux mille cinq cents résidents venus d’ailleurs.  

On a trop sous-estimé et on persiste à sous-estimer encore ce facteur de fuite de la population engagée depuis les années trente. Les politiques publiques, des décennies depuis, ont toutes échoué et pour preuve, cette courbe descendante persiste dans notre effroyable réalité.

Une exception, au début des années quatre-vingt, où l’on observa le retour de beaucoup de Marie-galantais revenant de France pour prendre des initiatives localement. Cela n’a malheureusement pas trop duré. Savons-nous pourquoi ? 

  

L’arrivée des vedettes rapides dans les années quatre-vingt-dix et la mort des compagnies aériennes ont accéléré cette déperdition de la population qui s’est accoutumée à faire ses courses en Guadeloupe à force, allant progressivement s’installer carrément dans les abords de Pointe-A-Pitre et autres. 

  

Évidemment, toutes ces fermetures à Marie-Galante, dans différentes structures depuis plus d’une dizaine d’années, ne vont pas améliorer les conditions pour la relance d’une réelle santé économique du moribond soldat Marie-galantais. Le processus agonisant est lancé depuis des lustres et si d’aucuns pensent régler cette problématique d’une complexité, on ne peut plus profonde, par un empirisme juvénile, superficiel et rétrograde, ils peuvent se dire qu’ils sont devenus devant l’histoire les fossoyeurs de leur propre avenir.  

 

Sortons cette île du circuit de la logique des statistiques, imposant hors humanité, à prendre des décisions comme s’il s’agissait de répondre que deux plus deux font quatre pour croire, oser penser.

  

La France elle-même, par cette méthodologie, est en train de se fracasser le crâne à tombeau ouvert sur les dalles des pourcentages. Il nous faut immédiatement remettre l’humain au centre du débat.   

Il n’y aura pas de vivre-ensemble s’il est réclamé à l’autre une chosification de lui-même. La France doit rester une et indivisible certes, mais dans la clairvoyance et le respect de sa grande diversité.   

Les relents d’un colonialisme primaire résident encore trop dans les mentalités de tous les jours. Les générations du siècle dernier, éduquées, construites, formatées et instruites pour être absorbées dans la masse, ont fait le job : elles ont joué le jeu. 

            De plus, il s’avère que la seconde génération est allée à l’école et ces personnes ne sont plus que des mineurs, des agents de voirie ou encore des occupants que de petits boulots. La troisième est issue de parents d’un bon niveau intellectuel permettant l’analyse et celle d’aujourd’hui, encore plus érudites, elles s'aperçoivent, malheureusement, que le système les a complètement oubliées. La dernière fait alors un retour sur elle-même, recherchant les valeurs sur les pays d’origines tout en vivant en France. C’est cette dichotomie, cette contradiction morbide, cette ambivalence, voire cet antagonisme schizophrénique qui surgie et qui cause malheur, pour ne pas dire mal-être.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’image. Il n’y a pas assez de visibilité de cette multiple diversité à l’écran. Comment se mouler, se reconnaître si quelque part, on ne se voit pas nulle part où justement le système excelle.  

 

Comment faire comprendre à un Guadeloupéen qu’il est considéré dans son propre pays or quatre-vingt-dix pour cent des richesses appartiennent à celles et ceux qui ont été dédommagés en 1848 ? 

 

            On a oublié l’humain, on a foncé tout droit vers la rentabilité tout en créant, ici et là, une classe de parvenues, de repus, laissant dans la débrouillardise tout le reste. Par ailleurs, on a quelque part laissé faire s’agissant de l’économie souterraine afin de laisser aussi mourir le cerveau d’une certaine classe. Ainsi, on a pensé que l’autodestruction aurait fait l’affaire. Cependant, on s'aperçoit aujourd’hui, que la consommation des drogues a dépassé les milieux pauvres pour créer des dommages beaucoup plus graves dans toute la société.  

Les produits illicites circulent à tout-va !  Nous sommes arrivés à un point tel que depuis trente ans, on ne traite plus la folie en France et dans nos régions. Quand on connaît l’ampleur du désastre en Guadeloupe, or il n’y a même pas un centre de désintoxication. N’y aurait-il pas comme un plan pour la zombification d’une partie de la population ?  

 

Ceci expliquant cela, nous en venons aux inconséquences d’une politique publique tous azimuts qui n’a jamais mis dans son axe de traiter l’aspect sociologique avant l’aspect économique.  À quoi servirait d’avoir une économie prospère où quinze à vingt pour cent de la population se sentiraient bien, alors que quatre-vingts pour cent seraient en train de se battre pour survivre ? 

            Le système est manifestement explosif ou implosif dans son essence. Tout cela ne peut pas accoucher de quelque chose de merveilleux. La société antillaise souffre du même mal que cette partie délaissée, se sentant carrément rejetée d’un système dans lequel la carte, le droit d’entrée pour le bonheur devient de plus en plus inaccessible. 

 

Où cela peut-il bien nous mener ?  

 

En France, cela va être très difficile de faire barrage au Rassemblement National en 2027 pour la présidentielle à venir.  Cette prétendue humanisation du Front National nouvelle formule est très clairement un leurre. Il est triste de voir que des Guadeloupéens, oubliant leur passé, se laissent berner par des gens qui, a priori, ont bâti leur concept, leurs fonds de commerce sur la haine de l’autre et la théorie de GOBINEAU. J’ose encore croire à une pulsion « contestative » au lieu d’un acte purement approbatif.

   

S’il n’y a pas rapidement un consensus républicain pour contrer cette monstruosité à venir, je crains alors de graves émeutes, pour ne pas dire une sorte de guérilla organisée incitant radicalement à la guerre civile, en France hexagonale comme dans les Départements d’Outre-mer. Le Rassemblement National ne va pas apporter la paix sociale, au contraire, ça va être pire où nous verserons dans l’inconnu total du malheur. À bon entendeur salut !

 

Le contexte international n’a jamais été autant sur le fil du rasoir depuis les années de la guerre froide. En plus de cela, un affrontement idéologique, religieux et civilisationnel vient rajouter de l’abstrait et du fanatisme dans une réalité où les pôles économiques sont en train de basculer. 

Quelle sera donc la position de la France dans un éventuel conflit majeur entre la RUSSIE et les USA ? Le monde risque un embrasement jamais vu si la CHINE se mêle à tout cela. Que vont faire les pays de l’UE ?  L’INDE semble avoir choisi le clan SINO-RUSSE. Les pays ARABO-MUSULMANS en grande partie sont aussi du côté SINO-RUSSE. 

La France jadis bien implantée en terres africaines se fait malproprement chasser de s’être enfermée dans un process de Françafrique, aujourd’hui devenu insultant aux yeux des nouvelles générations du continent.  Nous rappelons ici, que l’économie française excluant l’apport des ressources minières et pétrolifères des pays africains, dans moins de trois ans, glissera au trente-troisième rang mondial.  La jeunesse africaine vomit cette monnaie de singe appelée Franc CFA, ayant définitivement compris les limites et la symbolique.

 

Qu’en est-il pour nous, Guadeloupéens ?  

En cas de conflit majeur, nous serions forcément du côté français. Cependant, si le cœur devait s’exprimer, la situation ne serait pas si évidente que cela.

En France même, nous n’avons qu’à voir les manifestations contradictoires dans le conflit ISRAËLO-PALESTINIEN. Les jeux ne sont pas si clairs et la lecture du monde actuel est de plus en plus complexe par une géopolitique qui n’a rien de si objectif que cela, où chacun de plus en plus privilégie d’abord ses intérêts propres. 

  

Les Guadeloupéens, du bout du Vieux-Fort à la Pointe des Châteaux, en passant par la Désirade, Terre de Haut, Terre de Bas et Marie-Galante, ne peuvent et ne doivent pas accepter le fait qu’en 2023, bientôt 2024 qu’ils soient encore en train de pleurer pour avoir de l’eau potable au robinet. Ils ne comprennent pas que les pollueurs des nappes phréatiques du pays puissent obtenir un non-lieu. C’est un privant des gens des évidences que vous finissez par engendrer la haine, la colère et l’insécurité. Ce sentiment d’injustice ouvre la porte à l’inattendu. 

Une donnée reste évidente : certains pays de ce monde en veulent au système occidental qui depuis des lustres dominent avec arrogance l’économie mondiale. L’échec de tous semble pointer du doigt ce même système, d’où la multiplication des antagonismes grandissants.

Ainsi, pour savoir que faire, que dire et que proposer pour notre pré carré marie-galantais, nous devons avoir une analyse globale de la situation générale afin d’être plus affutés sur les voies et moyens à pouvoir proposer et entreprendre les vraies solutions pour notre Pays.  

 

Par conséquent, si nous acceptons la fermeture de ce Collège de Capesterre, nous enfonçons davantage Marie-Galante dans le chaos. D’autant plus que, cette fermeture cache un projet machiavélique bien plus large et plus lugubre. Il y a quelques mois, nous avons entendu parler de la création d’un Collège unique sur le lieu-dit de la Mare au Punch. Les Marie-Galantais encore une fois, ont manqué d’observation et de réactivité. Pendant les évènements TERRES DE BLUES 2023, nous avons tenu meeting sur ce même lieu afin d’attirer l’attention de la population sur le crime abominable de vouloir occuper ce lieu historique, par rapport à la symbolique du « Procès de Marie-Galante » écrit par Schoelcher en 1849.  

 

Nous fûmes, hélas, encore une fois, bien trop peu nombreux pour une prise de conscience aussi importante et capitale. Cela signifie que le Collège de Saint-Louis aussi sera fermé. Ce dit Collège unique se retrouvera sur les terres de Grand-Bourg. Saint-Louis et Capesterre deviendront des communes fantomatiques et très prochainement, le préfet de Guadeloupe va demander de transférer l’état civil de ces deux communes à Grand-Bourg. Si vous ne pouvez même plus faire l’enregistrement des décès dans une Mairie, elle n’a plus droit d’y être. Nous assisterons alors à la fermeture des Mairies de Saint-Louis et de Capesterre. Marie-Galante n’aura plus qu’une seule commune, Grand-Bourg.  C’est l'objectif à atteindre, toujours dans la même stratégie des quotas, des pourcentages et des statistiques.

 

Vous comprendrez aussi les raisons pour lesquelles aucun politique de Grand-Bourg depuis n'a pas osé contredire ou aller à l’encontre de ce macabre projet. 

 

Osons le dire, on a créé le dépeuplement de cette île. Nous touchons du doigt les funestes raisons de la fermeture du Service Maternité, il y a quelques années déjà, de l’hôpital de DUCOS. 

Oui ! comment améliorer votre dépopulation si vous n’avez plus la possibilité de prendre en note vos naissances à l’état civil ? Aucune politique familiale n’est mise en place pour relancer la natalité. Il n’existe aucun projet, aucune réflexion pour lancer un appel facilitant le retour des marie-galantais expatriés en métropole. 

De plus, on vous offre une Mercedes, mais vous n’avez pas la clé. Vous continuerez alors à marcher sous le soleil et vous serez encore plus risible aux yeux de tous. 

Cependant, on a construit un nouvel hôpital avec un bloc opératoire plus perfectionné que celui du CHU de P-A-P, mais deux ans après cette ouverture, on vous oblige radicalement sa fermeture. Où est la logique dans ce fait ?

 

Ainsi, on refait la piste d’atterrissage de l’aérodrome des Basses, à coups de millions et une grande inauguration au champagne, en revanche, on n’a jamais pensé, en amont, à traiter avec une compagnie pour la desserte. Où est donc le signe d’intelligence dans un tel acte ? 

 

De même, on inaugure un espace pour une poissonnerie modernisée à l’entrée de Grand-Bourg, mais le secteur de la pêche a perdu quatre-vingts pour cent des marins pêcheurs. Nos vieux marins sont partis de ce monde et on n’a rien fait pour motiver la relève. Très beau, très bien, cet espace pour l’égo des politiques, mais encore une fois, où est la réflexion, la perspicacité recherchée pour relancer un secteur pratiquement en voie de disparition ?

D’ailleurs, cette rue de la Marine a perdu sa vocation première puisque plus aucun canot n’y accoste. Faudrait-il peut-être même penser à la débaptiser ? 

Mettre deux ou trois cabanons de pêcheurs sur la plage du Troisième Pont, est-ce là, un véritable projet de relance pour ce secteur ? 

 

Il est grand temps de sortir de cet amateurisme morbide qui nous enfonce. La gestion chaotique d’un quotidien dépourvu de toute planification. Cette île devient un bateau ivre dépourvu de quilles qui s’enlise dans les abysses de la médiocrité. Il n’y a pas de projet d’ensemble, il n’y a pas de perspective pensée et réfléchie, il n’y a pas de schéma directeur, il n’y a pas de plan pour sortir de cet enfer, de la fermeture de tout jusqu’à accepter la défaite, le mauvais sort, la malédiction, la renonciation et l’ignorance malhonnête d’un échec manifeste. 

 

J’appelle à la prise de conscience des quelques soldats encore conscients de notre terrible malheur, à celles et ceux qui seront d’accord pour dire NON à la fermeture du Collège de Capesterre. 

Cet acte est lié à trois échecs en série. La fermeture certes du Collège de Capesterre, mais également à venir, celle du Collège de Saint-Louis et la troisième abomination, la construction sur le lieu spirituel du passé de nos ancêtres sur la Mare au Punch de ce fameux Collège unique.  

Ne soyons pas des acteurs passifs et poussifs face à des crimes qui, a priori, devraient au premier chef nous interpeller.  

Nous allons très rapidement nous mordre les doigts, si nous continuons de la sorte d’être toujours dans l’acceptation de l’inacceptable.

 

 Grand-Bourg le, 12/12/23

 

Bernard DENDELE LECLAIRE 

Président Coordonnateur NOU KAT SE YONN 

Président AMBITION GUADELOUPE 

Écrivain Marie-Galantais




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