QUI SOMMES-NOUS ? D’OU SORTONS-NOUS ? SURTOUT… OU ALLONS-NOUS ? Nous, Marie-galantais aujourd’hui sans horizon aucun.


Qui sommes-nous ?

D’où sortons-nous ?

Surtout… où allons-nous ?


Qui sommes-nous ?

D’où sortons-nous ?

Surtout… où allons-nous ?

Nous, Marie-galantais aujourd’hui sans horizon aucun.




Chose promise, chose due !

Après une publication en trois parties par CCN, nous vous présentons cet article dans son intégralité.
  
Il était important de traiter d'un historique conducteur sur les époques politiques passées partant  de Furcie TIROLIEN puis du Dr Marcel ETZOL, de Jean GIRARD, de Roland TIROLIEN avant de nous situer dans le présent  avec le Dr Maryse ETZOL. 

Pour comprendre le "présent", nous offrons à la nouvelle génération cette analyse du passé afin qu'elle puisse objectivement décrypter notre actualité, ceci  dans l'unique but de mieux appréhender l'Avenir. 

 

La pire preuve de la descente aux enfers de cette île est de constater que grand nombre des Marie-Galantais expatriés ne prêtent plus tellement attention à son destin. Comme dirait le poète, il n’y a pas plus mauvaise insulte que l’ignorance ou le dégoût.  

Certains Marie-Galantais habitant la Guadeloupe juste à une trentaine de kilomètres n’hésitent pas à affirmer qu’ils y vont presque essentiellement à la Toussaint pour l’illumination des défunts. Avant, même ceux qui vivaient en Métropole ou ailleurs étaient inscrits sur les listes électorales de l’île et les gens votaient par procuration. Chaque grande vacance la population doublait puisque les Marie-Galantais de l’hexagone dès le mois de juillet étaient présents sur l’île. Cela devenait un rituel qui se manifestait dans les rues lors des fêtes communales. À la retraite systématiquement tout ce monde-là revenait au pays comme on disait. Comme les éléphants le Marie-Galantais revient finir sa vie chez lui comme un gage de paix avec soi-même.  

Le pays a changé, on ne le reconnait plus dans sa physionomie générale et encore davantage dans les yeux des gens qui y habitent constatant l’immense vide des perspectives pour un avenir meilleur.

 

Comment renverser cette situation ?

 

Comment une île aussi magique et viscérale a-t-elle pu à ce point faire répulsion ?


Qui sont les responsables ?

  

Pourquoi ont-ils fait cela et comment ?

 

Était-ce volontaire, ou involontaire ?

 

Était-ce de la méchanceté, de la maladresse, de l’inconscience, de l’insouciance ou carrément une forme de « je m’enfoutisme » pur et dur ?

    

On pourrait ainsi se poser un milliard de questions afin d’essayer de comprendre l’origine du mal, mais quand le présent exige existence et que l’appel à l’oxygène s’impose dans l’urgence de la respiration immédiate alors on ferme les yeux, on serre les poings et on respire à plein poumons même quand l’air est désagréable en espérant retrouver le nectar vital de notre âme afin de ne point mourir.   

Il faut bien que vie se fasse sachant que la philosophie du suicide n’est pas la culture inculquée par nos aînés, nos héros qui, même sous terre crient en ce moment à briser nos consciences face à ce spectacle de désolation et de honte. Comment alors tenter de comprendre le présent par un regard analytique de notre passé ? Le but est de synthétiser l’histoire afin de sortir la tête de l’eau dans un esprit avant tout objectif et constructif. 

 

J’étais gamin, j’avais six ans et je revois encore ce déferlement humain à la victoire du Dr MARCEL ETZOL. Écoliers nous nous rendions à l’école en chantonnant « Vive Etzol », petit drapeau bleu-blanc-rouge en main.  Je pense que les gens ont fait la fête pendant au moins une semaine. Il ne restait plus aucune branche dans les amandiers du tout Grand-Bourg et le rouge des flamboyants tapissait les rues au passage du défilé de cette marée humaine.  

Pour bien comprendre cette ferveur, le Dr Etzol était jeune médecin, catalogué d’être brillantissime à une époque où bien des maladies sur l’île sévissaient encore.

Il venait en mars 1965 de détrôner un monument politique en la personne de Monsieur FURCIE TIROLIEN. Ce Furcie Tirolien, Maire de Grand-Bourg de 1925 à 1965, ce qui représente quarante ans à la tête d’une Commune pour ne pas dire d’un Pays. Furcie Tirolien, instituteur de son état, mais aussi et surtout Président du Conseil Général de la Guadeloupe de 1931-1935, de 1938-1939 et de 1949-1950.

Né le 30/01/1886, l’homme décède le 28/08/1981 à l’âge de 95 ans et chaque jour se faisant il est descendu, toujours vêtu d’un costume trois pièces à la maison familiale, dans son bureau au rez-de-chaussée et ce jusqu’à son souffle dernier, recevant nuit et jour inlassablement tous ceux qui désiraient se délecter de ses précieux conseils. 

Je revois encore la méticulosité de son bureau rue de l’église avec cette peau de léopard ou de tigre délicatement posée à même le sol avec la tête du félin vous fixant droit dans les yeux.  Les épées de guerre en croix symétriquement étaient positionnées à même les murs en bois de l’immense bâtisse, sa fameuse Cadillac bleue-ciel était conduite par son feu chauffeur attitré, Monsieur Créantor Félix surnommé « le Soleil » et son inoubliable berger belge malinois, Judo du prénom vêtu en robe paille pour accompagner les visiteurs. 

Le Dr Marcel Etzol psychologiquement dans son fond intérieur venait de désagréger une pyramide. Cela peut se comprendre. Fort de cette prouesse on peut supposer que l’honneur ait pu se sentir investi dès lors d’un destin aussi hors norme le projetant alors dans l’invincibilité de quarante ans « aussi » à venir. 

Il était le candidat de ma famille et aussi le médecin qui dès son retour du serment d’Hippocrate avait très largement conquis les faveurs de mon père et de très nombreuses familles marie-galantaises. 

Cet homme en plus de posséder la médecine était aussi un brillant homme d’affaires. N’oublions pas qu’il va construire la Polyclinique Saint-Christophe, en ayant un matériel dernier cri à faire envie les plus grosses structures de santé en Guadeloupe. On verra passer et entendre parler de la renommée d’éminents chirurgiens dont le premier qui me vient en tête est le Docteur Fayet (pardon pour l’orthographe).

Il aura même l’insolence, dit-on de construire une usine de Sérum LABETZ, l’unique de la Caraïbe. Il était propriétaire d’avion dont il était lui-même le brillant pilote, il était propriétaire d’une vedette, aujourd’hui on dirait un Yacht portant le nom percutant et révélateur de Jalousie. Bref, pour un « simple petit » marie-galantais, l’homme est d’une stature internationale et la Guadeloupe même en tremble. Il est depuis l’histoire le premier et le dernier Marie-Galantais à avoir fêté son titre de Milliardaire. Aujourd’hui ça n’a peut-être pas de sens, mais pour l’époque l’homme brandissait qui il était par rapport aux autres et alors imposait sa stature sans ménagement aucun. 

En fait, cet homme aurait vécu trente ou quarante ans avant son temps. C’était un précurseur, un être moderne dans la sociologie à venir et il serait aujourd’hui là, qu’il serait en temps et en heure l’homme de la nouvelle situation pour refaire de Marie-Galante ce qu’elle fut jadis dans son histoire, c’est-à-dire une île respectée.  

N’importe quel politicien ne viendrait pas à Marie-Galante pour dire et encore moins pour faire n’importe quoi. Marie-Galante et les Marie-Galantais étaient estimés et la notion de dignité est une valeur acquise de naissance.  Quand nous arrivions en Guadeloupe par obligation dès la classe de seconde, du nom, que dis-je, au titre de Marie-Galantais les portes s’ouvraient immédiatement.    

Ce dernier restera seize ans Maire et sera réélu trois fois d’affilée. Grand-Bourg a connu à cette époque une belle ascension, nous étions encore à la grande époque portée par les trente glorieuses. On notera la construction du site portuaire de Folle-Anse commencée en 1966 et mis en service en 1968. 

Deux compagnies aériennes desservent l’île, Air Guadeloupe et Air Antilles. Le cabotage maritime s’effectue en grande partie pour la marchandise et les conditions de transport encore rudimentaires pour passagers font que les Marie-Galantais restent sur l’île pour 90 % de la consommation obligatoire. 

Le commerce localement se porte bien, la démographie est au beau fixe, la jeune population part faire des études, mais elle tient à revenir au pays, le tout dans une belle dynamique de fonctionnement. Le terrain de foot a été déplacé au premier pont et l’immense chantier de la construction de l’école des filles peut commencer.  

Comme par un triste sort on assistera progressivement à la fin de cette époque mythique, avec la première grande crise du pétrole en 1973 qui sonne alors son glas et dès lors les conditions économiques vont commencer à se décomposer. On passe de l’ancien franc au nouveau, mais cela ne va pas pour autant assainir une situation économique délicate avec la montée exponentielle des taux d’intérêts bancaires.  Ainsi la fin de cette décennie va être très difficile où on verra poindre la grande remise en question de la pérennité de la culture de la canne.  

N’oublions pas que l’usine sucrière du Robert ferme définitivement ses portes en 1961, il ne reste alors plus qu’une seule et dernière usine à sucre sur l’île. La famille DE RETZ a déjà quitté le bateau du sucre repris par la famille BON détenteur de cette unique structure de Grand-Anse. 

De quatre usines en 1928, de 1930 à 1940 on n’en compte plus que trois, puis plus que deux de 1947 à 1959 pour arriver depuis à la dernière. Cette ultime usine dès 1963, sera sauvée grâce à un consortium SODEG - ETAT – DEPARTEMENT DE LA GUADELOUPE – SESMAG, du nom de La SOSUMAG (Société Sucrière de Marie-Galante). Une grosse rénovation est mise en place et la période proprement historique de l’industrie sucrière marie-galantaise se termine en 1973 avec 154 682 tonnes de canne manipulées pour une production de sucre de 158 669 quintaux.

La fermeture de Robert avait mis beaucoup de planteurs au chômage et les surfaces plantées ne trouvaient pas forcément vente sur Grand-Anse. Le surplus était revendu en distillerie, mais hélas cette capacité à couper puis à broyer la production existante dans son intégralité devenait impossible. Le Conseil Général de la Guadeloupe ira jusqu’à payer le fret de l’exportation de la canne marie-galantaise vers Darboussier à Pointe-A-Pitre. Cette opération sera un échec jugé vraiment trop couteuse à la longue.

Dès ce moment des Marie-Galantais ont commencé à partir vers la Guadeloupe pour nourrir leur famille. Le mari s’en allait d’abord pour trouver un travail et quelque temps après la famille suivait. La mort lente, mais assurée de la production légendaire de canne de cette île ne permettait plus aux hommes de claquer leur quinzaine sur la table. La notion de fierté du Marie-galantais ou du (mari galant) en prenait un coup et il fallait hélas trouver solution dans les potentiels départs.

Nous avons aussi au début de ces années soixante le facteur de l’appel du Bumidom (bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer). De 1963 – 1982 on dénombre 16 562 Guadeloupéens expatriés vers la Métropole et dans ce chiffre nous avons beaucoup de Marie-galantais, malheureusement étant une « dépendance » nous n’avons pas de repère chiffré nous permettant d’affuter et d’évaluer l’impact négatif de cette saignée. Par contre nous connaissons tous des amis ou parents qui depuis sont partis à cause de cette tragédie et qui ne sont jamais revenus.



 

En mars 1981, le Dr Marcel Etzol perdra les élections face à une jeunesse déterminée avec laquelle il n’a peut-être pas su ou pu composer et manifestement cette même jeunesse n’a pas su non plus comment composer avec lui. Il est tout de même regrettable aujourd’hui de constater que la plus grande misère de cette île réside dans ces années de détestation mutuelle où l’énergie fondamentale a lamentablement été gaspillée au détriment d’une réflexion véritable sur le potentiel et les avancées du Pays. 

Dans les années 80 avec Monsieur JEAN GIRARD en qualité de Maire de Grand-Bourg, Marie-Galante a cru, a espéré sortir de son enlisement. Nous sommes dans les années Mitterrand et le peuple français sort de plusieurs décennies sous la Droite et chacun a l’impression d’une ère nouvelle où le bonheur va couler à flot.

 

Je m’arrêterais tout de même, quelque peu sur le personnage attachant de Monsieur CAMILLE ROUSSEAU qui par deux fois étant l’adversaire politique direct du maire en place, mais ce dernier n’avait pas pu comme il le voulait convaincre les Grand-Bourgeois malgré un travail dantesque réalisé pour expliquer et démontrer avec son équipe l’urgence du changement. 

Il n’avait pas en face de lui non plus un néophyte éberlué. On trouvait Camille Rousseau trop doux, trop conventionnel, trop lisse face à quelqu’un de beaucoup plus ferme, plus aguerri et surtout déterminé. Un homme qui dans l’âme était avant tout un meneur et un véritable patron. 

C’est la raison pour laquelle une génération plus verte avait jugé utile de faire abstraction du poète afin d’essayer de vaincre électoralement un homme qui plus est, à l’époque était évidemment au sommet de sa gloire ne voulant rien céder à quiconque.

Il faut le dire c’est peut-être là, justement à ce moment opportun et ésotérique que Marie-Galante a commis une immense erreur allant jusqu’à se priver de cette sagesse naturelle que Louis Porto portait dans ses tripes.   Il aurait reconstitué l’entente, la réconciliation et l’union du peuple marie-galantais. Il était l’homme de cette situation à ce moment indispensable pour souder et ériger de nouveau l’âme fondamentale de l’être marie-galantais.

Camille Rousseau était un enseignant très connu et surtout reconnu pour avoir insufflé à plusieurs générations d’élèves le goût des études. Le goût de la lecture, de l’écriture, du savoir dans un esprit paternel, fraternel, humaniste et le tout dans un amour incommensurable pour le Pays Marie-Galante. Il était le parrain de ma grande sœur et je le revois encore bavardant avec mes parents toujours en gardant le ton du respect mutuel hors pair ponctué par Compère, Commère. Des terminologies qui malheureusement ont disparu dans notre société antillaise. 

C’était une époque aussi où les gens s’habillaient pour aller écouter les conférences, les vendeuses de sorbets et de pistaches profitaient pour arrondir les fins de mois.  Il est bien dommage de ne pas avoir édité tous ces discours qui permettraient aujourd’hui de dire aux jeunes l’histoire d’un pays. 

La petite anecdote finale garde en mémoire lors d’une dernière élection municipale contre le Dr Etzol Marcel, ce dernier avait commandé la gendarmerie de Grand-Bourg tout simplement d’enfermer cet homme en la personne de Camille Rousseau son challenger puisque ce dernier était rentré dans un des bureaux de vote pour constater si tout se déroulait bien. Le Maire de l’époque avait jugé qu’il n’avait rien à y faire. Le pire est que ces gendarmes s’exécutèrent, dire le charisme et la puissance de cet homme à l’époque. Évidemment le maire sortant fut réélu en toute tranquillité malgré quelques bagarres par-ci ou par là.

Cette force de la nouvelle jeunesse qui s’était corps et âme jetée dans le combat politique avec Camille Rousseau avait très mal accusé le coup. L’atmosphère politique du moment était on ne peut plus tendue. Tout le monde le sait, on est un peuple viscéral et l’arrogance aveugle de certains habillés par un égo sur gonflé n’allait pas faciliter les relations. Il y eut quelques échauffourées assez graves, des blessés forcément, chacun jouait à faire davantage peur à l’autre, car les rapports demeuraient volcaniques.

Ce qui devait arriver arriva.  Jean Girard disais-je, se retrouvait à la tête de la commune de Grand-Bourg en septembre 1981 stoppant alors nettement l’ascension politique du Dr Marcel Etzol. 

 Depuis cette triste époque Grand-Bourg est coupé en deux jusqu’à dire que Marie-Galante par contamination est aussi coupée en deux.

 

Je reviens à Marie-Galante en 1984 après les études et je trouve un Pays en activité. Beaucoup de gens, jeunes ou âgées sont revenus vivre sur l’île et économiquement des structures modernes dans la grande distribution voient le jour. L’activité culturelle est d’une portée internationale où l’on parle de la mort de Bobby SANDS par une grève de la faim. On refait l’Immeuble des Maîtres se nommant dès lors le Centre MAURICE BISHOP. On parle de Marie-Galante dans le « vingt heures » sur TF1 et le pays s’organise pour recevoir ses premiers grands frémissements touristiques. Des gîtes voient le jour puis quelques structures hôtelières, on constate les effets de la Chanson de VOULZY, Belle île en Mer Marie-Galante sortie en 1985. 

Cette île de 158 Km2 sort du silence et de l’anonymat grâce à l’émission "Champs-Élysées" de Michel DRUCKER en juin 1987 où un tournage sera effectué en la présence du chanteur. On est loin, même aujourd’hui, d’avoir compris réellement l’impact de ce tremplin publicitaire et d’avoir su véritablement comment exploiter toute la portée de cette envolée médiatique. 

Force est de constater que ce pétillement extraordinaire, cette opportunité miraculeuse dans une atmosphère propice malgré une relance économique extraordinaire allait fondre comme neige au soleil par rapport à deux facteurs majeurs.

Reconnaissons tout de même que Jean Girard a su faire comprendre au monde que Marie-Galante avait un droit fondamental à l’existence et cette fierté affirmée était indispensable à son développement. 


Le premier facteur est humain et par conséquent sociologique. Cette nouvelle génération au pouvoir l’est par la force et l’aura de deux hommes. Jean GIRARD lui-même, mais aussi par Isnard PINSEL. Ce dernier, lieutenant indiscuté et indiscutable des premières grandes contestations ouvertes depuis l’équipe ROUSSEAU avec Jean Girard bien sûr, à l’encontre du Dr Marcel Etzol. 

Ces deux-là faisaient « Un » et dans l’art du dire et dans l’art de rassurer la population, seul ce solide tandem était capable de réaliser une révolution intérieure pour démontrer que Marie-Galante était certes une île, mais aussi un Pays et pourquoi pas un monde en devenir.  Cette dimension humaine vers l’universel, vers le fait que nous avions nous aussi un droit à l’existence et de donner notre point de vue sur l’état de monde, ils étaient tous deux habités par cette même vision virile du Marie-Galantais « fondal-natal »

Il y avait là, probablement aussi quelque chose d’Etzolien (du père) qui ne se laisserait même pas impressionner par un Président de la République française au nom de Marie-galante.

L'histoire de la défaite de Jean Girard viendrait essentiellement de cette cassure, de cette césure, de cet antagonisme jamais dévoilé puisque ce n’est peut-être pas le bon mot s’agissant du dernier employé pour comprendre la complexité des rapports amicaux et fraternels entre ces deux leaders, Girard et Pinsel. 

Il y a que l’histoire réunit les égrégores et les choses alors ne peuvent se concrétiser que parce que l’union sacrée de deux forces refusent une quelconque autre qui ne pourrait inévitablement que tout venir faire capoter. Quand le destin aligne ses pions il ne faut pas déranger son jeu alors imposé. Le nom de cette tierce personne sera un jour dévoilé. J’appelle aujourd’hui à la méditation tous ceux qui ont alimenté et engendré cette désunion machiavélique à prendre et à peser le poids de cet échec général par cette histoire ratée et qui ne sera plus jamais rattrapée.

Encore une fois, Marie-Galante laisse passer un potentiel inimaginable qui ensemble, au lieu de se mettre au travail, l’égo va parler, va salir, va souiller les semences de la réussite et les amis frères d’hier par pure idiotie deviendront alors les ennemis du jour. L’Île pendant ce temps agonise lentement et beaucoup de jeunes s’en vont à la vue de ce triste spectacle allant de désolation en débâcle.  

Les mêmes de cette belle génération qui avaient crié victoire contre le Dr Marcel Etzol en 1981, allaient chercher en 1989 Monsieur PATRICE TIROLIEN de sa tranquillité en France pour politiquement venir battre électoralement Jean Girard en mars 1989. 

Personnellement, je pense qu’à ce moment au nom d’une Île qui avait besoin que l’on s’occupe d’elle, malheureusement l’intégralité de la concentration des énergies était à nouveau perdue dans un sempiternel combat morbide des tempéraments et tout cela, pensai-je n’aller pas pouvoir nous mener à rien de bon du tout. 

Le plus triste est de constater que personne à l’époque de cette véritable épopée, je ne dis bien personne n’a vu ou n’a su qu’il fallait au nom de l’unité marie-galantaise lancer un appel immédiat à la fraternité et à la réconciliation. Imaginez seulement quelques secondes une possible entente entre ces personnalités à Marie-Galante, nous n’en serions sans doute pas à ce si bas niveau aujourd’hui ?  Nous pouvons ainsi affirmer que cette génération globalement a raté le tournant qui nous était indispensable pour faire de cette île un exemple de réussite dans la Caraïbe.  Elle en porte forcément devant l’histoire la triste responsabilité. 


Le deuxième grand facteur qui va anéantir cette île est la fermeture pour ainsi dire de l’aéroport par la mort des Compagnies Aériennes qui desservaient cette destination. Que s’est-il réellement passé pour se rendre compte de l’état de mort d’Air Antilles avec la belle histoire de Monsieur LE COZANET et son épouse pilote ? Que s’est-il passé avec la mort aussi de la SATA AIR GUADELOUPE ? Toute la réalité de ce qu’est devenue Marie-Galante réside aujourd’hui dans la disparition de cet axe aérien fondamental qui n’existant plus à définitivement ouvert la voie aux vedettes rapides.

Voilà aujourd’hui le motif fondamental, la cause réelle, le bras tueur qui va abattre définitivement toutes les volontés d’une île qui pour la première fois de son histoire inconsciemment va soi-disant profiter d’un effet de liberté, mais dans le fond, laquelle deviendra l’étrange lame de l’échafaud qui lui coupera le cou. 

De deux vedettes concurrentes, deux ans après les capitaux antillais étaient rachetés par des sociétés maritimes de l’hexagone et on a vu une espèce d’armada d’une dizaine de vedettes rapides s’abattre sur l’Île afin de la vider et de la dévider de la substantielle moelle de son avenir. 

Les négociants de Guadeloupe (Jarry) devenaient ipso facto des concurrents immédiats. Impossible alors de se battre contre un monde qui irrémédiablement bascule et où il n’y a que les sociétés maritimes qui font le plein et qui s’enrichissent. À ce moment beaucoup de gens se rendent bien compte qu’un avenir professionnel sur cette île devient chose impossible à moins d’être dans la fonction publique ou d’être retraité. (Relire mon article : « Marie-Galante la gracieuse… ment sinistrée » datant d’août 1990).

Les Marie-Galantais vont vite se rendre compte avec ces vedettes rapides qui sont en plus absolument confortables que cette traversée du canal qui était à l’origine « on ran‘n foi » est devenue du pipi de chat même pour ceux qui n’ont pas le pied marin.  De ces années quatre-vingt à aujourd’hui l’avion n’a toujours pas repris et les sociétés de transports maritimes sont toujours là en quasi-monopole. La population a vite pris ses habitudes à se rendre sur P-A-P et Jarry pour faire des achats et à faire le va-et-vient à force, d’aucuns ont pris le goût du continent comme on dit, et les gens ont fini par partir pour toujours, surtout quand une opportunité de travail est offerte à l’appui. On avait ouvert une porte que l’on n’a jamais su comment refermer. 

Nous assistons alors à la condamnation et à l’abandon de centaine de maisons dans les villes et dans les campagnes, pendant ce temps une société métropolitaine de remplacement est tout doucement en train de procéder à une subtile substitution. Il est certain que si rien n’est fait pour relancer le Pays permettant aux Marie-galantais de revenir dans leur pays alors ce processus dans peu de temps deviendra irréversible.

Double effet pervers et retour de bâton pour les sociétés de transports maritimes qui commencent à voir baisser considérablement leur chiffre d’affaires sur le déplacement des Marie-Galantais. Pourquoi ? Le problème est qu’avec la baisse considérable de population, puisque la facilité de ce transport a rendu tout le monde mobile et ouvert sur la Guadeloupe, cela a fait que la population en fuite baisse, mais en même temps, les statistiques des voyages des autochtones se réduisent aussi. Tous les Marie-galantais résident maintenant en Guadeloupe, installés depuis ils reviennent de moins en moins sur l’île. Ceci explique cela, d’où un manque à gagner considérable qui n’est que légèrement compensée par l’effet tourisme et des métropolitains qui y vivent définitivement. On compte actuellement dix mille habitants du pays proprement dit et grosso modo trois mille étrangers alors que ce pays dans les années trente a compté trente-trois mille habitants. 

La grande victoire de la période Girard est d’avoir freiné l’exode en créant même des retours et des investissements au pays. Qu’en est-il sur ce point économique et démographique de la période Tirolien élu alors maire de Grand-Bourg en mars 1989 et qui le restera jusqu’au 14 mai 2013 ? 

Il sera en effet vingt-quatre ans maire de Grand-Bourg, il sera aussi Député Européen de 2009 à 2014, Député de 1995 à 1997 et Conseiller Régional de 1992 à 2009. 

J’ai vraiment du mal à trouver quoi mettre en perspective à part le Créole Blues devenu Terre de blues qui s’est toujours maintenu. On n’a pas entendu parler de gros problèmes de gestion à la Commune et pour la Communauté des Communes il en est de même. Vingt-quatre ans d’un long sommeil dont on n’a même pas l’impression d’une existence réelle. 

Sinon Roland était-il un politique ? Il était sûrement un frère, un copain, un ami, quelqu’un de très sympathique a priori et la relation interindividuelle toujours d’un énorme respect mutuel. Était-il réellement à la barre ? A-t-il réellement pu occuper ou encore incarner son poste ? Lui a-t-on laissé la possibilité de faire comme il sentait, comme il prévoyait ou comme il pensait ? Les très rares fois où j’ai pu très rapidement en discuter avec lui j’ai toujours ressenti une profonde amertume en lui sur la tournure des évènements à Marie-Galante.

 

Ainsi très tôt, quelques mois après cette victoire contre Girard on apprenait avec stupéfaction le retrait définitif d’Isnard PINSEL et aussi de Claude LECLAIRE, respectivement, troisième et deuxième adjoints au Maire sous le règne de feu Patrice TIROLIEN qui nous a hélas quitté le 23 novembre 2019.     Ils auront j’espère un jour l’opportunité de s’expliquer sur cet abandon de l’équipe en place sans jamais mot dire. Ce dont je suis sûr est que les motifs doivent être solides. 

Aujourd’hui n’est plus le temps de casser quoi que ce soit sur qui que ce soit, nous sommes tous fils et filles de Marie-Galante et cette île doit enfin passer avant tout pour son progrès laissant loin derrière nous notre égo haïssable.  Nous devons très objectivement analyser le passé récent afin d’entrevoir une porte de sortie car l’heure est grave s’agissant du devenir de notre île. 


Rappelons que Patrice Tirolien s’est payé le luxe de démissionner de son mandat de maire en accordant au sein de sa majorité par vote interne la clé de la ville à la fille de l’ancien maire le Dr Marcel Etzol hélas décédé en 1985 dans un tragique accident d’avion. Ce dernier qu’il avait combattu quelques années auparavant avec l’équipe Rousseau devenue après l’équipe Girard. 

 

Le Dr MARYSE ETZOL est depuis le 14 mai 2013, bientôt huit ans, maire de cette Commune. Elle est aussi Conseillère Régionale de 2004 à 2015, onze ans et Conseillère Départementale depuis 2015, ce qui fait six ans, elle est la sixième vice-présidente du Conseil Départemental de la Guadeloupe et bien sûr la Présidente de la Communauté des Communes de Marie-Galante depuis 2015 même. (Six ans). Mine de rien, déjà un très beau palmarès de longévité mais là, il va falloir rendre l’action à la tangibilité. 

Simple comptabilité, une famille gère la Commune pendant soixante-quatre ans et une autre pendant vingt-quatre ans tenant compte de 2021 pour l’instant. Il s’avère que deux familles pendant presque un siècle (88 ans exactement) ont été à la tête des responsabilités du Pays.

Pour la compréhension de notre analyse et en pensant surtout aux jeunes d’ici et d’ailleurs qui n’ont plus grand goût à la lecture, cette note de synthèse parcourant l’historique comme une anthologie de nos personnalités politiques donnera un jalon pour mieux décrypter les évènements passés et surtout permettra à tous d’entrevoir les solutions, postures et visions nécessaires afin d’essayer de capter l’état d’esprit qu’il faudra pour remettre ensemble, en commun et en synergie autant de potentialités pour la réussite de cette île.  

La division a assez duré et il est temps de se mettre autour d’une table pour penser (panser) Marie-galante. Si nous voulons renverser la tendance, il faut savoir a priori que personne en grand manitou solitaire n’y parviendra. Personne n’a la science infuse et si tel était le cas nous ne serions pas dans cet état de déliquescence. Il arrive un moment où il faut se rendre à l’évidence. 

 

Marie-Galante va-t-elle devenir comme Saint-Martin, une île où les autochtones sont minoritaires chez eux ?   

À l’issue de mon nécessaire descriptif, il est évident que si les Marie-Galantais ne se mettent pas ensemble pour mieux gérer et mieux appréhender l’avenir, il y va qu’au fil du temps, à un moment certain ce sera tristement la réalité puisque le processus à l’heure même où nous parlons a déjà commencé. 

S’agissant de la vente des terres. Nous avons a priori la réponse. Qui vend les terres à qui et pourquoi ? Les maires ont-ils un poids sur les privés pour l’empêcher ? Difficile de répondre à l’affirmatif ou au négatif.  Ils peuvent toujours jouer de pédagogie pour l’en empêcher, mais la réponse à ce problème touche directement à la problématique du développement économique de l’île. À ce moment ils endossent effectivement toutes les responsabilités. Les Marie-Galantais vendent leur terre parce qu’ils ont besoin d’argent pour survivre et envoyer leurs enfants faire des études en Guadeloupe, en France ou ailleurs. 

Pour contrecarrer cet état de fait nous devons repousser les limites des solutions jusqu’ici toujours préconisées.  Une politique de l’innovation, ambitieuse pourquoi pas révolutionnaire s’impose pour sortir de l’empirisme « agonique » qui nous mène des lustres depuis vers la faillite générale.  

Il faut dorénavant concevoir Marie-Galante dans une « entité administrative autonome » dont le nom est déjà retenu « Les Îles du Sud ». Ces trois « Dépendances » de la Guadeloupe, je n’aime pas le terme, il m'incommode même, mais il est réel, et il faut l’employer pour bien comprendre sa lourdeur, elles subissent toutes cette même agonie depuis plus d’une quarantaine d’années. Aujourd’hui c’en est vraiment trop ! 

Nous retrouvons les mêmes maux, à savoir le prix de l’eau plus cher, le cabotage intempestif sans tenir compte de la Continuité Territoriale, la triple insularité, le prix des billets maritimes et aériens, dénatalité, moyens de santé réduits et limites, dépopulation, vieillissement de la population, arrivée massive de gens pour racheter terres et maisons, départ des jeunes, chômage, communes mal gérées et en déficits, commerces en bernes et achat massif sur le Continent, impôts locaux exorbitants, les politiques KO debout n’ayant plus aucun pouvoir sinon d’attendre la manne des Collectivités et de l’État. 

La mauvaise ambiance sévit dans la population à cause des choix pour les individus politiques, cela génère des déchirures au sein des familles, des antagonismes stériles dans le voisinage d’où une impossibilité à pouvoir faire confiance à quiconque.  La misère sociale est grandissante, le RSA devient indispensable. Les routes sont défoncées, les sites touristiques mal ou carrément non entretenus.  L’indivision généralisée impose aussi la fermeture ou la vente des maisons et terres par les héritiers.  Nous assistons à une surconsommation d’alcool et de stupéfiants qui commencent à faire naître une délinquance intra-muros jusqu’ici inconnue.  Enfin s’agissant de la gestion du COVID nous pouvons parler directement d’un manque de lisibilité flagrant nous concernant sur place et encore davantage venant de Guadeloupe. 

Ces îles, ces fameuses « Dépendances » dépendent hélas, c’est le cas de le dire, de plus en plus de la Guadeloupe qui a déjà du mal à survivre et plus nous avançons plus nous reculons. Il est évident qu’il va falloir revoir la donne puisque cette situation deviendra on ne peut plus explosive tôt ou tard.


         Sortir de l’empirisme voudrait dire que les îles du Sud se constituent en Collectivité d’Outre-mer afin de gérer en direct leur budget avec le Pouvoir Central. Ou alors en mettant en place un grand concept de Communauté d’Agglomération afin de mutualiser les recettes et les investissements. Il serait aussi possible de concevoir pour les îles qui le souhaitent un PTOM (Pays et territoire Outre-Mer) adapté afin d’être en capacité de bénéficier entièrement d’un budget clair et net afin de penser enfin développement économique et touristique.

 L’avantage de cette opportunité serait de pouvoir mettre en interne des taxes permettant de rentrer quelques recettes supplémentaires. La vente des terres serait ainsi réglementée en interne et on ne pourrait plus faire du n’importe quoi. Nous avons l’exemple de Saint-Barth qui se porte économiquement très bien et d’autres territoires en PTOM comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française ou encore la Corse. 

Il faudrait un vaste chantier avec nos intellectuels, nos politologues, nos experts et autres afin de penser au mieux ce possible en faisant des propositions à notre population et in fine au Pouvoir Central. En tout cas la question s’impose ou s’imposera d’ici peu. 

Il est suicidaire de concevoir un avenir pour ces petits territoires en gérant le statuquo, en fermant les yeux, car ce qui nous attend sera terrible. Un jour il y a une génération qui posera des questions et qui demandera de lui rendre des comptes. Nous avons un devoir de questionnements, mais aussi un devoir de solutions. Il y a urgence, car il y a péril en la demeure.


Si la Guadeloupe ne comprend pas que les Îles du Sud sont trente ans avant ce que la Guadeloupe elle-même est en train de devenir alors nous sommes donc tous voués à un échec retentissant.   

L’échec des Îles du Sud est le miroir, le rétroviseur de ce qui nous pend tous au nez. Nous n’avons plus besoin de politiciens pour gérer que la paperasserie quotidienne. Nous avons besoin de quelqu’un qui a une vision globale pour le pays Marie-galante en revoyant les relations avec la Guadeloupe et avec la France.

Nous n’avons pas besoin de carriéristes, des gens qui veulent en pantouflards laisser couler le temps sans mot dire et sans rien faire. On veut quelqu’un qui puisse réconcilier la population, redresser la tête de ce peuple, quelqu’un qui va soutenir et inciter à l’innovation et qui sera capable de mettre tout le monde autour d’une table pour repenser notre avenir. 

La guerre des chefs est terminée, le peuple réclame des résultats sinon ayons le courage d’être démissionnaire en laissant ceux qui veulent et qui peuvent reconstruire ce Pays faire le job. À défaut de ne pas être en état ou en capacité d’améliorer la situation ayons l’honneur et le courage d’inviter à la table des négociations celles et ceux qui ont des idées et une noble image du Pays Marie-Galante. 

Tout sera alors possible par Amour de notre population, par rapport à l’immense respect que nous accordons à notre Île et aussi à nos aînés disparus. 

 

Grand-Bourg le, 25/01/2021 sur Les Hauteurs de Beaufils, 

Bernard Dendelé LECLAIRE.  

 

Écrivain Marie-galantais de (La) Caribénitude - Président d’Ambition Guadeloupe, Groupe pour l’application et l’implication d’une philosophie politique Antillo-Caribéenne.    

 

 

 

 

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